« Top of the pop hardcore punk ! » (Crude Caress,Hello my name is, Youth avoiders – La Makhno, 28 oct)

afficheOutre leur nom rigolo, Crude caress fait du street-punk rĂ©glĂ© comme du papier Ă  musique. Par contre il n’y avait pas de choeurs. Ils ont peut-ĂȘtre oubliĂ©.

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Le cĂŽtĂ© ultra carrĂ© a quelque chose de pas dĂ©plaisant et les Suisses gratifieront leur public hypnotisĂ© d’ une reprise de Time for living des Beastie boys…

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Hello my name is est un jeune groupe de Lausanne qui a sorti un album il y a peu et a l’air de beaucoup jouer. PassĂ© la surprise du chant en français (avec ce nom, je m’attendais Ă  de l’anglais), le groupe enfile un set de punk-rock fluide et bien rodĂ©. Le skate-punk leur coule des doigts. La voix est assez rauque, en anglais elle pourrait faire penser Ă  Hot water music, mais en français, ça avait des accents assez rock.

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Si la salle Ă©tait un peu calme pour les lausannois (bon en mĂȘme temps on n’est pas obligĂ© d’ĂȘtre toujours tout fou, hein), elle ne rĂ©sistera guĂšre aux hymnes hardcore-punk de Youth avoiders. Faut dire que leurs morceaux pied au plancher sont sacrĂ©ment entraĂźnants. Plus que ça mĂȘme. Il y a une folie, quelque chose d’intense et d’urgent qui rappelle le hardcore originel, celui de Minor threat ou de 7 seconds.

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Et cette voix, cette putain de voix juvĂ©nile qui s’Ă©trangle de fureur. Waouh. Finalement, la diffĂ©rence entre un bon groupe de hardcore et un super groupe de hardcore, c’est souvent la voix, non?

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Par contre le set sera vite consommĂ© (y aurait-il du minutemen chez le Youth avoider ?). Live fast. Et c’est parfait comme ça. Ca laisse le temps de jeter un oeil dans les bacs consĂ©quents des distros prĂ©sentes (In-Humano et Culture famine), sans lesquelles le punk ne serait pas le punk.

Cyclamen (Urgence disks – 28 octobre)

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De passage Ă  GenĂšve sur la fin d’une tournĂ©e europĂ©enne, le trio du Mans Cyclamen jouait Ă  Urgence disks, cette antre gĂ©niale oĂč passe Ă  peu prĂšs tout ce qui touche, gratte ou cogne sur des cordes ou des peaux.

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Difficile de pas penser Ă  Amanda Woodward en les Ă©coutant – et Ă  la façon dont ce groupe a marquĂ© le hardcore, en France et ailleurs – cet Ă©mo qui rocke, ces changements abrupts, cette façon de gueuler ou de parler et jusqu’Ă  certains effets, certaines Ă©vocations dub, sur la guitare.

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Le groupe apporte aussi sa dose de chaos et de folie personnelle. Et des idées originales, comme le banjo sur Les turpitudes, extrait de leur dernier EP.

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Phyllis Dietrichson est putain mort

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Phyllis Dietrichson est putain mort, il y a 3 ans ou quelque chose comme ça. FormĂ© sur les cendres de The June Ampera, du dĂ©sir de faire cette putain de musique qui te brĂ»le de l’intĂ©rieur. Un EP sorti en 2011 et un deuxiĂšme disque en split avec les amĂ©ricains de DĂ©rive en 2013. Un petit tour Ă  l’est, Ă  l’arrache, puis un projet de deuxiĂšme, avortĂ©.

Puis, plus rien.

Consumé.

Phyllis Dietrichson is about our hearts, our loneliness and the conviction that we have to fight again and again even if there’s no hope to win.
We are The Losers.

Depuis, un membre est parti et fait un groupe de bruit, un autre bidouille de l’électrique et boit des cafĂ©s et Ben officie dans Nurse, dont on devrait entendre parler dans un futur plus ou moins proche.

https://phyllisdietrichson.bandcamp.com/

« Usine intime » (Zerö, Mike Watt & Il Sogno del Marinaio – Usine, 12 octobre)

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L’Usine en mode cafĂ©-cabaret feutrĂ©, si, si, c’est possible. Peu d’affluence ce mercredi soir, malgrĂ© les grands noms Ă  l’affiche.

dscn2511Les lumiĂšres de ZĂ©rö Ă©taient intĂ©gralement rouges, sĂ»rement pour rappeler la pochette de leur dernier disque. De BĂ€stard, leur ancien groupe (dont ils joueront d’ailleurs un titre), je me rappelle une musique balladeuse, capable d’emprunter Ă  presque tout, de l’ambiant au noise, au cabaret, aux musiques traditionnelles…

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ZĂ©rö a aussi cette dimension touche-Ă -tout, cinĂ©matographique. Musique tendue, brumeuse. Parfois un peu insaisissable, Ă  l’image des visages Ă©vanouis de leur pochette encore une fois. Mais aussi traversĂ©e de montĂ©es de tension stridentes…

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AprÚs les ombres mouvantes de Zérö, le punk-rock expérimental et malicieux de Mike Watt, acoquiné avec le duo italien Il Sogno del Marionaio.

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Avec toujours ce style inimitable – quelque part entre rock minimaliste et progressif, si vous avez du mal Ă  imaginer, vous n’avez qu’Ă  Ă©couter –  et cette voix reconnaissable entre mille, Mike Watt continue de tracer son bonhomme de chemin. L’ex-Minutemen (pĂšres de tous les punks de traviole de la terre) et bassiste des Stooges* a toujours la patate pour venir jouer dans des endroits sombres et enfumĂ©s. L’Usine cette annĂ©e, Bellecombe-en-Bauges en 2014. A plus de 60 ans, avec son inamovible chemise Ă  carreaux, il est la preuve vivante que le punk-rock, ça peut ĂȘtre autre chose qu’une musique formatĂ©e. Il me fait penser Ă  un monde oĂč on oublierait pas qu’on a Ă©tĂ© un gosse, oĂč on oublierait pas qu’on peut ĂȘtre passionnĂ©, que ça peut ĂȘtre beau de crĂ©er, envers et contre tout.

Hey, c’est pas un peu la classe, ça ?

*AprĂšs Steve MacKay au Poulpe (avec Bunktilt), en 2014 ou quelque chose comme ça, c’est le 2e Stooges que je vois en concert dans le coin ! HĂ© hĂ© ! A quand Iggy pop Ă  Urgence disks?

Nevraska, sous haute tension

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Grave romance (Gabu asso, Urgence records, En veux-tu? En v’lĂ  !)

Les choses dans l’ordre. AprĂšs une premiĂšre dĂ©mo dĂ©jĂ  bien aguichante, le duo basse/batterie annecien Nevraska a poncĂ©, poli ses morceaux lors de tournĂ©es Ă  rĂ©pĂ©tition et sur le moindre bout de scĂšne locale qui lui est tombĂ©e sous la main. Jusqu’à les graver, tout beaux, tout chauds, sur les sillons d’un vinyle, produit par le groupe et une poignĂ©e de petits labels indĂ©pendants.

10 titres qui font bloc, trempĂ©s dans le mĂȘme bouillon d’un noise-rock Ă©motionnel et urgent. EnregistrĂ©s au Rec studio de Serge Morattel, garant d’un son ferrailleux et d’une ampleur titanesque. Riffs sous haute tension, qui tournoient et se chargent d’électrons jusqu’à l’implosion. Mathy noise-rock, comme disent les amĂ©ricains. Ou noisy math-rock. Dans les parages sombres et haletants de Doppler. Pour situer.

Mais Nevraska, c’est bien plus qu’une simple histoire d’étiquette ou d’influences. Comme il le dit lui-mĂȘme, le duo ne ferme la porte Ă  aucune source d’inspiration. L’ouverture de l’album, Dux Bellorum, rappelle que les deux musiciens officiaient plutĂŽt dans des combos post-hardcore. Malta s’autorise un groove presque fusion et le break d’Alkaline pourrait rappeler une ligne d’électro, avant qu’il ne s’enflamme dans un gros riff noise – quelle classe, ce genre de morceau, oĂč un groupe sait habilement fondre un riff typĂ© dans sa musique, qui fait son effet presque Ă  l’insu de l’auditeur. Le duo distille les ambiances, appuyĂ© par des samples assez prĂ©sents sans pour autant ĂȘtre envahissants, jouant parfois le rĂŽle du chant (magnifique Liru) ou osant des contrastes qui rappellent les expĂ©rimentations de Human side, le groupe prĂ©cĂ©dent de Pascal. Nemesis et ses choeurs. Les petites notes dĂ©solĂ©es de Tomoe Gozen, posĂ©es dĂ©licatement sur une succession de riffs survoltĂ©s… Une musique mature, qui ne joue dans aucune chapelle. Et c’est bien dommage, ça aurait de la gueule.

Impossible ici de regretter l’absence d’une quelconque six-cordes – mais qui oserait ? Les deux instruments mĂšnent un dialogue serrĂ©. Basse qui fait feu de tout bois, maniant autant le riff frontal et compact, le coup de butoir que les tensions mĂ©lodiques, lorsque ce ne sont pas les variations d’une batterie particuliĂšrement inspirĂ©e qui prennent le dessus. Le duo s’autorise Ă  peine Ă  ralentir le rythme sur Kollapse, qui, curieusement, est un des morceaux les plus marquants, sur l’album comme en concert. Trois petites notes tristounettes prenant peu Ă  peu de la vigueur, jusqu’à vibrer d’énergie et mĂȘme – mais oui, mais oui – de joie, puis disparaissant sur une descente de piano, fondu au noir de grande classe pour un morceau atypique et attachant.

EnveloppĂ©s dans une pochette au premier abord un peu froide, mais finalement cohĂ©rente avec l’esthĂ©tique sobre, toute en clair-obscurs, que le groupe s’est choisie, ce premier album est donc bourrĂ© jusqu’à la gueule de morceaux qui respirent l’expĂ©rience mais aussi la fraĂźcheur des premiĂšres fois. Pas mal pour un groupe qui avait commencĂ© comme une ultime tentative de deux « ex » un peu dĂ©sabusĂ©s. SacrĂ© coup, mĂȘme.

https://nevraska.bandcamp.com/

« Le futur dure longtemps » (Dinky Dwale, Catalgine, Les Cancres, Fisted by a priest – CafĂ© Chateau-rouge)

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OrganisĂ© par la fine Ă©quipe des studios de Chateau-rouge, cette soirĂ©e sur le thĂšme « No future? » rĂ©unissait une affiche bien variĂ©e…

Dinky Dwale a ouvert le bal… Duo folk-punk taillĂ© pour ce genre de scĂšne entre le concert et le cafĂ©, avec un chouette contraste entre la guitare accoustique, la voix fĂ©minine et les accents plus rugueux du second guitariste.

group-e-4Ce fĂ»t ensuite notre tour. On (Catalgine) a essayĂ© de proposer quelque chose d’assez personnel, en partie parce qu’on trouvait pas trĂšs punk de se limiter Ă  faire des reprises fidĂšles de « standards punks »…

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Au final, c’Ă©tait quand mĂȘme assez fidĂšle. A part la reprise libre de « Punk is dead » de Crass qui n’avait pas grand chose Ă  voir avec l’original.

DSCN2410.JPGC’Ă©tait un bon moment, en tous cas. On s’est demandĂ© si les gens connaissait encore Joy division, au vu des rĂ©actions…

Pris par les conversations d’aprĂšs concert, je n’ai pas rĂ©ellement Ă©coutĂ© le set des  Cancres. Une musique aux accents carrĂ©ment trad, avec un chanteur bien jetĂ©, Ă  ce qu’on m’a dit. Ils ont fait une reprise de « Bankrobber » des Clash. Une sacrĂ©ment bonne idĂ©e, ces reprises trad de morceaux punks. Je pense que le concept aurait pu ĂȘtre poussĂ© encore plus loin, d’ailleurs.

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Vu que, dans le punk, il faut Ă  peu prĂšs 20 ans d’activitĂ© pour se voir qualifier (ou s’auto-qualifier dans certains cas) de « lĂ©gende », cela fait de Fisted by a priest  une semi-lĂ©gende annemassienne.

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Fisted by a priest, pĂšre fouettard du punk-rock

Au vu du show explosif et joyeux du punk cover-band, ça parait pas usurpĂ©. Black flag, Ramones, Bad Brains, Turbo negro – les tubes punks s’enchainent. On boude pas son plaisir, constamment en train de se dire « Ah ouais attends, je la connais celle-là ». On lĂšve le poing, on beugle les choeurs et Trasho de Grilled flesh party aura  mĂȘme droit Ă  un slam jusqu’Ă  l’extĂ©rieur de Chateau-rouge.

DSCN2477.JPGLe groupe a clairement une prĂ©fĂ©rence pour les tout dĂ©buts du punk-hardcore – en fait, je connaissais mĂȘme pas le morceau antique de Bad Brains qu’ils ont jouĂ© (Regulator). Et surtout, Ă  Ă©couter leurs versions de « New rose » ou de « California ĂŒber alles », on se dit quand mĂȘme que ce sont des putains de bons morceaux.

Merci donc Ă  eux de faire vivre le patrimoine !