
Les concerts de groupes locaux ont un goĂ»t particulier, quelque chose en plus. Voir des gens jouer quâon pourrait croiser au coin de la rue, dans un concert, quâon peut suivre, contacter. CâĂ©tait donc une affiche bien affriolante, que nous avait concoctĂ©e Flo Cosmique et lâasso Minimal chords vendredi soir au Brin dâZinc, avec trois groupes novateurs, chacun dĂ©frichant un territoire propre.

Placides, Don Aman ne craignent pas d’arriver quelques minutes avant de monter sur scĂšne. Ils distillent une musique Ă la fois sensible et bruyante, portĂ©e par une voix trĂšs chantĂ©e assez belle et qui pourrait aisĂ©ment trouver sa place dans une formation plus pop ou folk. Mais lĂ , on pense plutĂŽt Ă la derniĂšre pĂ©riode de Fugazi ou Ă un groupe comme Yo la tengo, pour le cĂŽtĂ© touche-Ă -tout de leur musique qui visite pas mal d’atmosphĂšres diffĂ©rentes.

On ne peut pas dire que le public chambĂ©rien soit extrĂȘmement rĂ©actif durant ce set mais c’Ă©tait une belle dĂ©couverte que ce jeune groupe de Dijon, qui a dĂ©jĂ un LP Ă son actif et qui commençait ce jour-lĂ une mini-tournĂ©e de trois jours avec L’OrchidĂ©e cosmique.

L’OrchidĂ©e, justement, le local de l’Ă©tape. Peut-ĂȘtre dopĂ© par le fait de jouer Ă domicile – et de bĂ©nĂ©ficier d’un son bien gras, ce qui ne gĂąche rien -, le « One-man space fuzz band » a pris du corps et gagnĂ© en fluiditĂ© et en prĂ©sence sur scĂšne. Ses petites mĂ©lodies loopĂ©es semblaient danser en apesanteur tandis que les gros accords zĂ©braient l’espace Ă grands coups de fuzz comme jamais. L’OrchidĂ©e cosmique, c’est un peu un post-rock qui ne cracherait pas sur le riff mĂ©tal.

Auteur d’un album rien moins que magnifique, Nevraska jouaient pour la premiĂšre fois dans la rĂ©gion depuis sa sortie en septembre dernier. Peut-ĂȘtre Ă©tait-ce le son plus agressif ce soir-lĂ , mais le set du duo m’a paru particuliĂšrement furieux. Ca claque, ça explose, ça tourbillonne. C’est merveilleusement dense, prĂ©cis, rugueux. Je les ai vus un paquet de fois maintenant et la magie ne m’a toujours pas quittĂ©. Ce groupe rĂ©sume Ă sa maniĂšre vingt annĂ©es et quelques d’Ă©volution du rock/punk/hardcore et je ne peux tout simple pas croire qu’une personne qui est ou a Ă©tĂ© passionnĂ©e par cette musique puisse y ĂȘtre insensible. Juste : ruez-vous dessus. Quelle que soit votre chapelle, ruez-vous dessus.

On aura mĂȘme droit Ă un nouveau titre. Un aperçu du Nevraska post-Grave Romance. Plus Ă©purĂ©, laissant une place plus grande au silence, Ă la respiration, avant tout de mĂȘme une montĂ©e en tension bloquĂ©e dans le rouge dont le duo a le secret.

Une soirĂ©e comme on en voit trop peu souvent, donc, faisant la dĂ©monstration que la scĂšne locale n’a besoin de personne pour procurer des frissons. Et dans un lieu idĂ©al pour ce genre de concert qui plus est, n’hĂ©sitant pas Ă prendre des risques en programmant des groupes peu connus. On pourra par exemple y voir les noise-rockers titubants (et canadiens) de Alpha stategy, le 7 dĂ©cembre.
Comme a dit un copain : « J’ai dĂ©couvert un univers »…
Merci Elsa pour les photos !