
Sorti dans la plus grande discrĂ©tion en novembre dernier – info diffusĂ©e par le groupe, pas de label, chroniques rares -, ce EP est le 4e disque de V13. Six annĂ©es et un nouveau bassiste, Ă©galement aux claviers, le sĂ©pare du prĂ©cĂ©dent album. Il Ă©tait enregistrĂ© chez Albini Ă Chicago. Celui d’avant Ă GenĂšve chez Morratel. Celui-lĂ a Ă©tĂ© mis en boĂźte Ă Bourg-en-Bresse. Retour aux sources.
Une matiĂšre dure et sombre. Des explosions de rage froide qui alternent avec les accalmies lumineuses ou embuĂ©es. Une Ă©criture tranchante, ciselĂ©e, qui taille des contrastes forts, joue la lenteur pour encore plus de dĂ©termination – pour, comme le dit le groupe, ne frapper qu’un coup. Plus cohĂ©rents et matures peut-ĂȘtre que les prĂ©cĂ©dentes productions du groupe, les cinq titres de ce EP ont tous un air de famille marquĂ© et pourtant se distinguent trĂšs nettement, tant l’Ă©criture creuse chaque idĂ©e jusque dans ses retranchements, taille chaque riff jusqu’Ă l’Ă©pure. La guitare slide titubante de RemĂšde. L’intervention efficace et dĂ©cisive des claviers, ses ornements soyeux sur la reprise de Gainsbourg, L’HĂŽtel particulier. La basse de DĂ©dale, sinueuse comme les dubs nocturnes de Hoover, puis la longue montĂ©e en tension dissonante, tournoyante, se tordant sur elle mĂȘme, prenante comme une nausĂ©e.
Et la voix, parfaitement cohĂ©rente avec cette Ă©criture au cordeau. Textes Ă©vocateurs, fragmentaires. GoĂ»t pour le mot rare. Voix blanche. PhrasĂ© raclĂ© dans lequel on entend toujours l’Ă©cho lointain de Noir dĂ©sir. Il y a pas de mal. Mais auquel on peut aussi trouver une parentĂ© avec d’autres formations marquantes du rock d’ici, passĂ©es ou actuelles. Diabologum, les grenoblois de Varsovie ou – pourquoi pas – Amanda woodward.
Un peu ascĂ©tique de premier abord, « Zone de silence » se fait peu Ă peu familier. Les contrastes finissent par s’Ă©claircir, on y trouve sa place et l’intĂ©rĂȘt pour ce groupe de caractĂšre fait peu Ă peu place Ă l’envie impĂ©rieuse de les voir sur scĂšne.
>>>>>>>>>> V13