
Depuis son premier album et l’occasion de les voir en concert Ă plusieurs reprises, le trio dijonnais Don Aman me fait irrĂ©sistiblement penser Ă la chanson de Dominique A, Le courage des oiseaux. « Si seulement nous avions / le courage des oiseaux / qui chantent / dans le vent glacĂ© ? »
« Starving » est donc leur deuxiĂšme album, prĂ©sentĂ© dans un emballage magnifique (artwork de Marie LlanĂ©za) et bĂ©nĂ©ficiant d’une production soignĂ©e et mĂ©ticuleuse qui est une des marques de fabrique du groupe. Au fil de ses neuf titres, cet album fait une nouvelle fois la preuve de la volontĂ© opiniĂątre du trio d’inventer librement une musique qui lui soit propre – le courage des oiseaux Ă©voquĂ© plus haut, pour ceux qui ne suivent pas.
Les ambiances pop/folk et intimistes dominent et restent la couleur principale de la musique de Don aman. Le ukulele ou la guitare accoustique font des apparitions rĂ©guliĂšres. Pour autant, le trio parvient constamment Ă insuffler de la tension et Ă mener ses idĂ©es en des lieux intĂ©ressants. Ces parties, de plus en plus maĂźtrisĂ©es et assumĂ©es, donnent d’ailleurs lieu Ă des passages magnifiques, comme sur Blizkrieg oĂč les envolĂ©es de la voix rappellent Morissey.
Les Ă©tiquettes ahurissantes dont le groupe se voit affublĂ©s lors de ses passages en concert – du rock progressif en passant par le dark wave et le post-rock noisy – sont la meilleure preuve qu’il n’est pas Ă©vident de saisir la musique de Don aman (eux qui n’aiment pas les rĂ©fĂ©rences, ils sont servis). Car les ambiances calmes et sereines peuvent se charger d’ombres ou tourner Ă l’orage violent sans crier gare. D’ailleurs, le disque s’ouvre sur un Dark, blonde, red atypique et trĂšs rĂ©ussi, avec son riff de basse noise, massif et rĂ©pĂ©titif. Megpie s’interrompt brutalement pour laisser place Ă un riff rock et une batterie machinique qu’on croirait tout droit sorti d’un vieux Jesus and Mary chain. Et que dire de Douglas, longue piĂšce de plus de 18 minutes aux ambiances encore plus indĂ©finissables, oĂč la matiĂšre sonore semble passer au premier plan durant toute une premiĂšre partie et oĂč la voix finit par arriver comme si de rien n’Ă©tait Ă la quatorziĂšme minute, non sans que le morceau ait culminĂ© auparavant dans un stoner tonitruant ?
En un mot comme en cent, Don aman est un groupe qui ne ressemble qu’Ă lui-mĂȘme et y ressemble de plus en plus. Leur libertĂ© et leur ambition les rend prĂ©cieux et, oui, excitants. Puissent les oiseaux voler encore longtemps et toujours plus haut, loin des vents dominants.
Don aman, « Starving » (Urgence disk, 2018).


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