C’Ă©tait durant une fĂȘte de la musique, Ă Grenoble, il y a dĂ©jĂ quelques annĂ©es. On se dit que, quand mĂȘme, on va aller y faire un tour, des fois que⊠Je m’Ă©tais arrĂȘtĂ© dans un parc, devant un groupe dont le look plutĂŽt sombre jurait plutĂŽt avec l’esprit festif qui rĂšgne lors de cet Ă©vĂ©nement.
La chance de dĂ©couvrir des groupes, c’est ce qui est gĂ©nial avec les festivals, et la FĂȘte de la musique est une sorte de festival mĂȘme si on a peut-ĂȘtre un peu moins de chance d’ĂȘtre surpris qu’ailleurs â d’ĂȘtre happĂ© par quelque chose alors qu’on ne s’y attend pas. Je ne peux pas dire que je sois fan Ă priori du style de musique que joue Varsovie, mais on s’en fout car j’ai Ă©tĂ© complĂštement hypnotisĂ© par leur set.
Varsovie joue un espĂšce de punk (c’Ă©tait ça le look dont je parlais plus haut) â maintenant on dit « post-punk » -, un peu new-wave, c’est-Ă -dire sombre, mĂ©lancolique mais Ă©galement Ă©purĂ© et qui a quelque chose de trĂšs juste et comme ciselĂ© au niveau des mĂ©lodies. Au milieu des dizaines de groupes de (reprises) rock dĂ©monstratifs et braillards qui infestent la fĂȘte de la musique, comme c’Ă©tait bon de tomber sur cette perle sombre !
DeuxiĂšmement, Varsovie chante en français. Et ça sonne, ce qui en fait donc un cas assez rarissime et mĂ©rite l’intĂ©rĂȘt.


Je ne me rappelle plus comment je me suis procurĂ© Neuf millimĂštres, leur CD dĂ©mo. Ce disque a produit sur moi exactement le mĂȘme effet que les concerts : un groupe dont je n’attends rien et qui s’impose. Cinq titres parfaits, taillant leur route impeccablement entre montĂ©es de fiĂšvres bruyantes et mĂ©lodies. Et surtout, surtout : rien Ă enlever, rien. Juste la moelle, chaque idĂ©e Ă sa place, pas un coup de grosse caisse en trop, rien. Claque.


Je n’ai pas Ă©couté leur deuxiĂšme disque, Etat civil, sorti en 2010. J’ai repris le train avec leur deuxiĂšme vĂ©ritable album L’Heure et la trajectoire, sorti cette annĂ©e. J’aime toujours, mais ce disque a quelque chose de plus clair. La production est moins abrasive sur certains morceaux, elle arrondit un peu plus les angles. La guitare se fait plus cristalline, la basse plus ronde, et la voix mĂȘme est plus posĂ©e, perdant un peu le cĂŽtĂ© sale. D’avantage en avant, elle prend des accents rock français, noir dĂ©sirien sur Hotel Roma ou L’Heure et la trajectoire (et son break aux relents de Joy Division). En tous cas, on peut pas leur reprocher d’avoir peur du lyrisme. Bon, le sentiment d’urgence et de fiĂšvre est toujours lĂ , ça sonne toujours et, personnellement, je me laisse volontiers entraĂźnĂ© par le dance-punk gĂ©nial de SunsiarĂ© et son riff robotique. Mon morceau prĂ©fĂ©rĂ© de cet album dansant et lyrique.
PS C’est rigolo, le terme « post-punk » parce que c’est un terme inventĂ© Ă posteriori pour qualifier une musique dĂ©jĂ ancienne, si on peut dire, et quasiment contemporaine du punk. En gros, si les Sex Pistols sortent leur premier album Never mind the bollocks en 1977, le « post-punk » arrive un an aprĂšs, avec le premier disque de Joy division en 1978. Ou quelque chose comme ça…
http://varsovie.bandcamp.com/
http://www.thoseopposedrecords.com/
http://www.infrastition.com/index.php/en/