« Top of the pop hardcore punk ! » (Crude Caress,Hello my name is, Youth avoiders – La Makhno, 28 oct)

afficheOutre leur nom rigolo, Crude caress fait du street-punk rĂ©glĂ© comme du papier Ă  musique. Par contre il n’y avait pas de choeurs. Ils ont peut-ĂȘtre oubliĂ©.

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Le cĂŽtĂ© ultra carrĂ© a quelque chose de pas dĂ©plaisant et les Suisses gratifieront leur public hypnotisĂ© d’ une reprise de Time for living des Beastie boys…

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Hello my name is est un jeune groupe de Lausanne qui a sorti un album il y a peu et a l’air de beaucoup jouer. PassĂ© la surprise du chant en français (avec ce nom, je m’attendais Ă  de l’anglais), le groupe enfile un set de punk-rock fluide et bien rodĂ©. Le skate-punk leur coule des doigts. La voix est assez rauque, en anglais elle pourrait faire penser Ă  Hot water music, mais en français, ça avait des accents assez rock.

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Si la salle Ă©tait un peu calme pour les lausannois (bon en mĂȘme temps on n’est pas obligĂ© d’ĂȘtre toujours tout fou, hein), elle ne rĂ©sistera guĂšre aux hymnes hardcore-punk de Youth avoiders. Faut dire que leurs morceaux pied au plancher sont sacrĂ©ment entraĂźnants. Plus que ça mĂȘme. Il y a une folie, quelque chose d’intense et d’urgent qui rappelle le hardcore originel, celui de Minor threat ou de 7 seconds.

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Et cette voix, cette putain de voix juvĂ©nile qui s’Ă©trangle de fureur. Waouh. Finalement, la diffĂ©rence entre un bon groupe de hardcore et un super groupe de hardcore, c’est souvent la voix, non?

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Par contre le set sera vite consommĂ© (y aurait-il du minutemen chez le Youth avoider ?). Live fast. Et c’est parfait comme ça. Ca laisse le temps de jeter un oeil dans les bacs consĂ©quents des distros prĂ©sentes (In-Humano et Culture famine), sans lesquelles le punk ne serait pas le punk.

Cyclamen (Urgence disks – 28 octobre)

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De passage Ă  GenĂšve sur la fin d’une tournĂ©e europĂ©enne, le trio du Mans Cyclamen jouait Ă  Urgence disks, cette antre gĂ©niale oĂč passe Ă  peu prĂšs tout ce qui touche, gratte ou cogne sur des cordes ou des peaux.

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Difficile de pas penser Ă  Amanda Woodward en les Ă©coutant – et Ă  la façon dont ce groupe a marquĂ© le hardcore, en France et ailleurs – cet Ă©mo qui rocke, ces changements abrupts, cette façon de gueuler ou de parler et jusqu’Ă  certains effets, certaines Ă©vocations dub, sur la guitare.

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Le groupe apporte aussi sa dose de chaos et de folie personnelle. Et des idées originales, comme le banjo sur Les turpitudes, extrait de leur dernier EP.

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« Usine intime » (Zerö, Mike Watt & Il Sogno del Marinaio – Usine, 12 octobre)

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L’Usine en mode cafĂ©-cabaret feutrĂ©, si, si, c’est possible. Peu d’affluence ce mercredi soir, malgrĂ© les grands noms Ă  l’affiche.

dscn2511Les lumiĂšres de ZĂ©rö Ă©taient intĂ©gralement rouges, sĂ»rement pour rappeler la pochette de leur dernier disque. De BĂ€stard, leur ancien groupe (dont ils joueront d’ailleurs un titre), je me rappelle une musique balladeuse, capable d’emprunter Ă  presque tout, de l’ambiant au noise, au cabaret, aux musiques traditionnelles…

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ZĂ©rö a aussi cette dimension touche-Ă -tout, cinĂ©matographique. Musique tendue, brumeuse. Parfois un peu insaisissable, Ă  l’image des visages Ă©vanouis de leur pochette encore une fois. Mais aussi traversĂ©e de montĂ©es de tension stridentes…

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AprÚs les ombres mouvantes de Zérö, le punk-rock expérimental et malicieux de Mike Watt, acoquiné avec le duo italien Il Sogno del Marionaio.

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Avec toujours ce style inimitable – quelque part entre rock minimaliste et progressif, si vous avez du mal Ă  imaginer, vous n’avez qu’Ă  Ă©couter –  et cette voix reconnaissable entre mille, Mike Watt continue de tracer son bonhomme de chemin. L’ex-Minutemen (pĂšres de tous les punks de traviole de la terre) et bassiste des Stooges* a toujours la patate pour venir jouer dans des endroits sombres et enfumĂ©s. L’Usine cette annĂ©e, Bellecombe-en-Bauges en 2014. A plus de 60 ans, avec son inamovible chemise Ă  carreaux, il est la preuve vivante que le punk-rock, ça peut ĂȘtre autre chose qu’une musique formatĂ©e. Il me fait penser Ă  un monde oĂč on oublierait pas qu’on a Ă©tĂ© un gosse, oĂč on oublierait pas qu’on peut ĂȘtre passionnĂ©, que ça peut ĂȘtre beau de crĂ©er, envers et contre tout.

Hey, c’est pas un peu la classe, ça ?

*AprĂšs Steve MacKay au Poulpe (avec Bunktilt), en 2014 ou quelque chose comme ça, c’est le 2e Stooges que je vois en concert dans le coin ! HĂ© hĂ© ! A quand Iggy pop Ă  Urgence disks?

« Le futur dure longtemps » (Dinky Dwale, Catalgine, Les Cancres, Fisted by a priest – CafĂ© Chateau-rouge)

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OrganisĂ© par la fine Ă©quipe des studios de Chateau-rouge, cette soirĂ©e sur le thĂšme « No future? » rĂ©unissait une affiche bien variĂ©e…

Dinky Dwale a ouvert le bal… Duo folk-punk taillĂ© pour ce genre de scĂšne entre le concert et le cafĂ©, avec un chouette contraste entre la guitare accoustique, la voix fĂ©minine et les accents plus rugueux du second guitariste.

group-e-4Ce fĂ»t ensuite notre tour. On (Catalgine) a essayĂ© de proposer quelque chose d’assez personnel, en partie parce qu’on trouvait pas trĂšs punk de se limiter Ă  faire des reprises fidĂšles de « standards punks »…

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Au final, c’Ă©tait quand mĂȘme assez fidĂšle. A part la reprise libre de « Punk is dead » de Crass qui n’avait pas grand chose Ă  voir avec l’original.

DSCN2410.JPGC’Ă©tait un bon moment, en tous cas. On s’est demandĂ© si les gens connaissait encore Joy division, au vu des rĂ©actions…

Pris par les conversations d’aprĂšs concert, je n’ai pas rĂ©ellement Ă©coutĂ© le set des  Cancres. Une musique aux accents carrĂ©ment trad, avec un chanteur bien jetĂ©, Ă  ce qu’on m’a dit. Ils ont fait une reprise de « Bankrobber » des Clash. Une sacrĂ©ment bonne idĂ©e, ces reprises trad de morceaux punks. Je pense que le concept aurait pu ĂȘtre poussĂ© encore plus loin, d’ailleurs.

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Vu que, dans le punk, il faut Ă  peu prĂšs 20 ans d’activitĂ© pour se voir qualifier (ou s’auto-qualifier dans certains cas) de « lĂ©gende », cela fait de Fisted by a priest  une semi-lĂ©gende annemassienne.

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Fisted by a priest, pĂšre fouettard du punk-rock

Au vu du show explosif et joyeux du punk cover-band, ça parait pas usurpĂ©. Black flag, Ramones, Bad Brains, Turbo negro – les tubes punks s’enchainent. On boude pas son plaisir, constamment en train de se dire « Ah ouais attends, je la connais celle-là ». On lĂšve le poing, on beugle les choeurs et Trasho de Grilled flesh party aura  mĂȘme droit Ă  un slam jusqu’Ă  l’extĂ©rieur de Chateau-rouge.

DSCN2477.JPGLe groupe a clairement une prĂ©fĂ©rence pour les tout dĂ©buts du punk-hardcore – en fait, je connaissais mĂȘme pas le morceau antique de Bad Brains qu’ils ont jouĂ© (Regulator). Et surtout, Ă  Ă©couter leurs versions de « New rose » ou de « California ĂŒber alles », on se dit quand mĂȘme que ce sont des putains de bons morceaux.

Merci donc Ă  eux de faire vivre le patrimoine !

« Riot garage Ă  l’Ă©tage » (What the fuck?, Thee Sweeders, The Sloks – La Spirale, 17 septembre)

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On continue la dĂ©couverte des lieux alternatifs d’Annecy. Parfois, je me fais l’impression de faire le (fuck da) touriste de la scĂšne annecienne, mais bon, comme les gens sont sympas et qu’ils me parlent, ça va.

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SituĂ©e dans les replis d’un parking souterrain, La Spirale c’est une petite salle qui permet Ă  une poignĂ©e de groupes de rĂ©pĂ©ter et, Ă  l’occasion, d’organiser des concerts, moyennant Ăąpre nĂ©gociation avec les voisins.

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What the fuck? est un trio batterie et deux guitares, il y a pas de basse mais, eh, mec ! On s’en fout, on joue du garage ! On pourrait taper sur des bidons, en fait. Bref, aprĂšs quelques titres de chauffe, leur set s’Ă©lectrise et c’est parti. Donne-moi du riff  jurassique. Donne-moi du tatapoum Ă©pileptique.

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Le batteur-chanteur a une voix de redneck morveux, tandis que celle d’Olive Ă  la guitare est plus hargneuse. What the fuck? dĂ©fendent fiĂšrement les couleurs du wild garage rock’n roll, avec un son plutĂŽt puissant et granuleux.

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C’Ă©tait le premier concert de Thee Sweeders, un groupe oĂč on retrouvait Olive de What the fuck? (mais dans combien de groupes ce type joue-t-il ?), visiblement tout excitĂ© d’Ă©trenner ici son orgue sur scĂšne.

sweeders 2.JPGThee Sweeders oeuvre Ă©galement dans une veine rock’n roll, mais avec moins de gras sur la couenne que WTF ?, je dirais. Compos ciselĂ©es, chant aux mĂ©lodies tendues, rythmiques mĂ©tronimiques. Une science de l’Ă©criture classe… Ca donne envie d’en Ă©couter plus.

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The Sloks viennent de pas trĂšs loin, de Turin, et le trio propose une version encore plus squelettique de l’orchestre – batterie, guitare, voix. Mais c’est ce groupe minimaliste qui offre clairement la version la plus tarĂ©e du rock garage ce soir.

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Si les riffs sont typĂ©s, le groupe envoie tournoyer sa musique loin, loin, loin de la rengaine couplet-refrain-couplet -pont-refrain. Un peu de la mĂȘme maniĂšre que leurs compatriotes siciliens des Spritz, j’ai trouvĂ©, bien que ceux-ci aient mĂȘme pas de chant et que probablement ce soit assez diffĂ©rent. La chanteuse aux yeux exorbitĂ©s dĂ©bite de longues exhortations, oĂč l’on sent qu’il n’est pas question de sujets jolis-jolis. RĂąle. Viande saignante encore chaude. Nerfs en spasmes.

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Toute Ă  beugler ses histoires de souffrance, elle semble parfois se foutre royalement de ce que jouent ses compĂšres, et toute la musique du groupe fonctionne sur ce dĂ©calage hypnotisant. Oublie le rock. Oublie le garage. Oublie tes Ă©tiquettes. Je sais pas ce que c’est. Je sais pas si c’est de l’art. De la thĂ©rapie pour cas ruinĂ©s ou quoi que ce soit, la seule chose que je peux te dire, c’est que c’est vivant. Et que c’est bon.

Bref…  Y se passe des trucs bizarres dans les parkings souterrains d’Annecy la nuit, moi je vous l’ dis…

Devriez faire gaffe….

PS Merci Cédric pour le disque.

« Les kids ont toujours la rage » (Happening, Sick of it all – Brise-Glace, 17 juin)

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Pour inaugurer la soirĂ©e, Happening avaient mis leurs plus beaux costumes de mangeurs d’enfants – Ă  moins que ce soit en rĂ©fĂ©rence aux jumeaux dans Alice au pays des merveilles, auxquels ils ressemblaient aussi. Je dirais bien que le trio revenait affutĂ© de leur sĂ©rie de concerts, notamment la tournĂ©e française avec les anglais de Kidbrother, mais en fait ils ont toujours Ă©tĂ© affutĂ©s, affutĂ©s comme des lames d’opinels sortant de l’usine.

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Les voir sur scĂšne permet de se rendre compte combien leur musique est ambitieuse, Ă  la fois technique, abrupte, et en mĂȘme temps trĂšs construite et sous forte influence mĂ©lodique. MĂȘme si Anthony, le chanteur, a toujours cette façon d’engueuler gentiment son public, les gens prĂ©sents leur ont bien fait la fĂȘte.

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On pouvait s’attendre Ă  ce qu’un groupe cĂ©lĂ©brant ses 30 annĂ©es d’existence et habituĂ©s des mĂ©ga-festivals ne fasse qu’une bouchĂ©e d’une salle modeste comme le Brise-Glace. Eh bien, c’est exactement ce qui s’est passĂ©.

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Sick of it all attaque d’entrĂ©e de jeu avec trois titres ultra-rapides qui mettent le feu Ă  la salle, avant d’enchaĂźner sur des morceaux plus punk-rock, plus entrainants comme le tube « Stepdown », qui parsĂšment leur set.

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Sick of it all, c’est une rĂ©fĂ©rence incontournable du hardcore new-yorkais. Leur musique emprunte Ă  la fois au punk et au mĂ©tal sans jamais perdre son identitĂ© hardcore, son cĂŽtĂ© direct et percutant. Le groupe a toujours maintenu, Ă  ma connaissance, une attitude Ă  la fois rageuse, rĂ©flĂ©chie et accessible, perceptible dans leurs textes et dans leur prĂ©sence sur scĂšne.

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Pas de violence gratuite. La rage, mais aussi l’enthousiasme d’ĂȘtre lĂ  ensemble. En 2016 exactement comme en 1994, la premiĂšre fois que je les avais vus et oĂč ils avaient rĂ©pondu aux questions d’un fanzine obscur, montrant pour toujours aux kids Ă©bahis qu’on Ă©tait que le hardcore est une musique qui appartient Ă  ceux qui l’écoutent…

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Dans la fosse, c’est l’apocalypse. Pogo, slams et circle pits s’enchainent. Si quelques-uns croient encore que pogo rime avec violence, le bon esprit a pris rapidement le dessus. Les gens se soutiennent, se relĂšvent, font attention les uns aux autres – il y a quand mĂȘme dĂ» y avoir quelques articulations douloureuses le lendemain. Ca ne valait peut-ĂȘtre pas les fameuses « Sunday hardcore matinees » du CBGB Ă  New-York mais je crois qu’on peut quand mĂȘme dire qu’on s’est bien amusĂ©s !

Dans la salle bien remplie, les gĂ©nĂ©rations se croisent. Certains dĂ©couvrent le groupe, voire assistent Ă  leur premier concert de hardcore, et beaucoup d’autres, actifs dans la scĂšne aujourd’hui ou par le passĂ©, ont fait le dĂ©placement pour ce que reprĂ©sente le groupe. Sur un certain rĂ©seau social, j’ai vu passer le hashtag #annecyhardcorecity. On y croirait presque…

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Enfin pour que ce soit vraiment vrai, ce serait encore mieux que les concerts d’Underground family – le collectif qui fait qu’une scĂšne punk indĂ©pendante existe – fassent le plein. Et puis si la ville Ă©tait submergĂ©e par une nouvelle vague de groupes de hardcore, ça serait bien, aussi.

Hardcore… ou quelle que soit la forme que les kids utilisent pour crier leur rage et leur envie d’une vie diffĂ©rente aujourd’hui.

Toutes les photos de SOIA sont de K’s photography. Merci Karine !

« Liquidation avant travaux » (Nurse, Crankcase – Le Moderne, 21 juin)

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Cette annĂ©e encore, le Moderne bar proposait une Guinguette rock’n roll dans son arriĂšre-cour. Un dĂ©cor parfait Ă  base de mur Ă©croulĂ©, de graffiti gĂ©ant pas moche et de ces immeubles bien gris et bien massifs qui font le charme si particulier d’Annemasse city.

Nurse aurait sĂ»rement fait fureur au mileu des annĂ©es 90, avec son Ă©mo-rock cadencĂ© qui fait mĂ©chamment taper du pied. Le son Ă©tait  parfait, trĂšs naturel avec l’impression que le grain de l’ampli Orange coulait directement des enceintes.

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C’Ă©tait la deuxiĂšme  fois que je les voyais et ça m’a permis de me rendre compte Ă  quel point leurs morceaux sont ciselĂ©s. Le groupe dose ses effets, module ses transitions et varie ses intensitĂ©s avec art. On passe d’une ambiance spoken-word bluesy lancinante Ă  de grosses poussĂ©es de fiĂšvre et, mĂȘme si on est quand mĂȘme en terrain connu, chaque titre a sa personnalitĂ©, son Ă©quilibre. Des morceaux aboutis qui demandent Ă  ĂȘtre enregistrĂ©s – ce qui devrait ĂȘtre fait d’ici l’automne, apparemment – et gravĂ©s sur vinyle, cd, cassette, quelque chose, quoi.

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Nurse prĂȘche la fiĂšvre

Sur scĂšne, comme le dit le bassiste, le groupe lĂąche tout et s’attache Ă  repousser les limites de la folie dans le rock’n roll. Ce que le public variĂ© de la fĂȘte de la musique regarde avec  approbation.

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Crankcase… Alors eux, ils ont clairement vendu leur Ăąme au rock’n roll sale et Ă©lectrocutĂ©.

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Et quand on se permet de disserter sur les touristes allemands en Birkenstocks en ArdĂšche entre les morceaux et en plus de faire une reprise punk de « Boys, boys, boys » de Sabrina, et ben,  c’est mĂȘme pas la peine de demander le purgatoire, il n’y aura aucune rĂ©mission, ce sera l’ enfer direct.

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On est pas au Hell fest mais c’est pas ça qui va empĂȘcher Crankcase de lancer un circle pit de fou (« farandole », en français). Histoire de fĂȘter dignement la derniĂšre fĂȘte de la musique dans ce lieu, victime de l’appĂȘtit des promoteurs immobiliers.

crkse 4A New York comme Ă  Annemasse city, la gentrification dicte sa loi et progresse inexorablement.

« Apocalypse noise » (Unsane, Sofy major – Epicerie moderne, 31 mai)

unsane 4EchappĂ©e du mardi soir jusqu’Ă  Feyzin, Ă  l’Epicerie moderne. Une salle dĂ©jĂ  de bonne taille  avec une petite librairie intĂ©ressante et une jolie expo de Florent Blache visible dans le bar. AccompagnĂ©s de leurs potes de Sofy major, Unsane y marchait dans les traces de leur tournĂ©e de 2012. Les labels BigoĂ»t records et Solar Flare (le label de Sofy major) Ă©taient aussi de la partie et tenaient des stands.

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Sofy major

Vus – dĂ©couverts mĂȘme, en ce qui me concerne – Ă  l’Usine l’an dernier, le trio Sofy major a le stoner rocailleux. Ca rocke, ça file droit sur du mid-tempo puissant qui suinte le gasoil. Pleins de sons merveilleux s’Ă©chappent de l’ampli basse, sauf que t’entends plus rien si t’es du cĂŽtĂ© du bassiste. Musicalement, je trouve ce groupe assez proche des genevois de Wardhill. Ou d’Unsane, tout simplement. La filiation est bien visible,  mĂȘme si c’est une affaire un peu plus rock.

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Bon moi, j’avoue que j’ai moyennement la vibe stoner. De mon point de vue, Sofy major, c’est un peu comme ĂȘtre lancĂ© Ă  plein gaz dans un vieux camion sur une de ces routes amĂ©ricaines infinies. C’est super sympa, ça peut ĂȘtre enivrant mĂȘme, mais c’est aussi un poil monotone. Le dernier morceau par contre, plus lent, plus rĂ©pĂ©titif, introduit tout Ă  coup une tension sourde qu’il n’y avait pas durant leur set et laisse entrevoir un autre visage du groupe…

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Unsane

OrfĂšvres du bruit blanc, Unsane fait monter direct son noise-hardcore bluesy jusqu’Ă  l’incandescence et la tempĂ©rature ne redescendra pas, bloquĂ©e Ă  l’intensitĂ© maximale. Le groupe new-yorkais enchaine sans effort apparent ses ouragans soniques, les classiques « Scrape », Commited » ou « Alleged » ou des titres tirĂ©s des albums plus rĂ©cents comme « Against the grain » ou « It’s only pain », poignants Ă  tomber.

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Les visages sont tordus par des grimaces. Il y a une tension telle dans les morceaux que mĂȘme les silences entre les titres ne sont qu’un temps de suspens menaçant.  Vinny Signorelli, le batteur, la pulsation du groupe, ne peut pas s’empĂȘcher de jouer mĂȘme entre les morceaux. Certains dans le public s’essaient au pogo mais ça ne prend pas, Unsane c’est un tempo trop lourd, trop Ă©crasant.

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Dans le public, les rangs se sont bien resserrĂ©s. C’est classe de voir un groupe avec autant d’expĂ©rience derriĂšre lui vivre encore la musique qu’il joue de cette maniĂšre. Une musique surpuissante et abrasive mais qui pourtant ne sonne jamais  mĂ©tal et qui a Ă  peine bougĂ© en plus de 25 ans d’existence. Comme si elle exprimait quelque chose de trop primitif pour subir l’influence des modes ou du temps.

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L’homme Ă  l’harmonica

Pas de rappel. Le set laisse un champs de ruine derriÚre lui. Seul Dave Curran reste sur scÚne, collé à son ampli basse pour laisser bourdonner et mourir un dernier larsen.

Encéphallogramme plat.

Game over.

« Holy fuck, yeah! » (Unlogistic, Nurse, Speed Jesus, Rupturr – Bellecombe-en-Bauges, 21 mai)

Bellecombes, c’est un joli village perdu dans le massif des Beauges, entre Annecy et Aix-les Bains. La route qui y mĂšne est bordĂ©e de plein de belles falaises, qui te font te demander pourquoi tu ne vas pas grimper plutĂŽt que d’aller voir un concert de hardcore…

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Ca se passe dans une bonne vieille salle-des-fĂȘtes – enfin une salle sans scĂšne ! – et c’est un concert Ă  l’occasion de l’anniversaire d’un personnage-clĂ© de la scĂšne punk d’Annecy. What’s his name ?, pourriez-vous vous demander… Loaf is the answer.

C’Ă©tait aussi l’occasion de voir enfin Nurse, dont j’ai loupĂ© systĂ©matiquement tous les concerts. Ce groupe des alentours de Reignier joue une sorte d’Ă©mo-rock enflammĂ©. La basse et la batterie font tourner des rythmique entrainantes sur laquelle la guitare vient poser ses motifs inventifs.

Ils ont tous l’air tout Ă  fait d’accord pour jouer la musique qu’ils font et il y a dans ce groupe une Ă©nergie incandescente, trĂšs screamo 90s, bien classe. Leur set se termine par un chouette morceau long et lancinant, ponctuĂ© d’explosions intermittentes. Il paraĂźt qu’ils ont enregistrĂ© des morceaux il y a dĂ©jĂ  deux ans mais ne les ont jamais sortis. Peut-ĂȘtre qu’ils se dĂ©cideront un jour Ă  les terminer ?

Le groupe d’aprĂšs vient de Saint-Etienne et n’a pas grand chose Ă  voir. Rupturr est un duo  avec boite-Ă -rythme (passĂ©e sur cd !!)  et leur death/grind pourrait rappeler une version lo-fi (ou punk) de Napalm death. La boĂŻte-Ă -rythme ajoute au cĂŽtĂ© arme de destruction massive et le bassiste ressemble Ă  une rĂ©incarnation de Lemmy, voix y compris.

Speed Jesus… Holy fuck ! comme disent les AmĂ©ricains (enfin… pas tous). Ce groupe vient d’OrlĂ©ans et inclue dans ses rangs un (ou des) membres de Gravity slaves ainsi que le guitariste de Nesseria. Fast-hardcore furieux, la bave aux lĂšvres. Le truc originel. Pur. Pas un plan en trop, pas l’ombre d’un riff macho-mĂ©tal. La basse magnifique, pleine de distortion et de larsens. Ca pourrait rappeler plein de vieux trucs – qu’il ne serait pas nĂ©cessairement intĂ©ressant de nommer mais je le fais quand mĂȘme juste pour le plaisir : Heresy ou Siege – et en ce qui me concerne, ils auraient pu jouer 5 sets d’affilĂ©e, je prenais.

Enfin ont jouĂ© Unlogistic. Trio de guitare, chant et boĂźte Ă  rythme parisien, dont je croise le nom depuis toujours (je crois qu’ils jouent depuis plus de 20 ans) sans les avoir jamais vus. Chaotique – et pour faire chaotique avec une boite-Ă -rythme, il faut quand mĂȘme s’employer – , leur version tarĂ©e du punk-hardcore mĂ©lange punk mĂ©lo et speed hardcore oĂč tout est dit en moins d’une minute, un peu Ă  la façon de 7 seconds. Ca fait des sales blagues en continu, ça mĂ©prise les codes du concert rock formatĂ©, rien Ă  foutre d’assurer, rien Ă  foutre de retourner la salle, juste l’envie de jouer du punk jusqu’Ă  la derniĂšre de ses tripes. J’adore ce genre de groupe, qui arrive Ă  briser le mythe du concert de rock pour installer une ambiance diffĂ©rente.

Pas de photo pour ce concert, mais peut-ĂȘtre qu’Olivier Lowlightconditions postera les siennes ?

 

 

Farrokh Bulsara, Intercostal, Agonir, Mort mort mort (La Makhno, 8 mai)

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Hey, quelques images du concert de dimanche soir Ă  la Makhno…

DSCN1381Les tchĂšques de Farrock Bulsara ont jouĂ© en premier. Emo-hardcore bien foutu, sans surprise mais qui sonnait bien, mĂȘme la voix.

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DSCN1391.JPGIntercostal joue du stoner. Mais pas du stoner aérien, plutÎt la version les deux pieds dans le ciment. Des morceaux épiques, des méandres de riffs, le son épais et martial.

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Tu croyais avoir touchĂ© le fond. Eh ben… Agonir signifie abreuver quelqu’un d’injures (c’Ă©tait marquĂ© sur l’affiche) et il se pourrait bien que ce soit ce qu’ils aient fait. Crustcore violent, avec 2 voix masculine et fĂ©minine et le bassiste d’Intercostal Ă  la guitare. Dans les rĂšgles de l’art. Avec tout ce qu’il faut de grind et de dis-beat. Peace, ha ha.

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Mort mort mort avaient dĂ©jĂ  jouĂ© Ă  Annecy en 2014. Ils avaient l’air un peu crevĂ©s et pourtant leur post-hardcore lourd et atmosphĂ©rique Ă©tait bien prenant. Il a quelque chose de Neurosis. Il y a mĂȘme un petite ressemblance physique pour le bassiste… On sent l’expĂ©rience de ce groupe de Caen qui doit jouer et tourner depuis environ une dizaine d’annĂ©es et dont les membres sont issus d’autres formations hardcore marquantes.