Oyster’s reluctance, Insignificant EP

Voix de crooner stoner disparaissant parfois sous les effets, sens du riff accrocheur, atmosphĂ©rique ou metallisant. Oyster’s reluctance manie tous les ingrĂ©dients de l’alternatif façon 90s et ce dernier EP (il est sorti en 2017) laisse prĂ©sager des musiciens pas tombĂ©s de la derniĂšre pluie, maĂźtrisant autant leur Mister bungle que leur Pearl jam, leur Mordred ou leur Tool. Pourtant Ă  l’écoute, on ne peut pas rĂ©duire ce trio Ă  la formule minimaliste (batterie/basse/voix) Ă  un revival grunge/fusion mĂȘme si ils auraient peut-ĂȘtre fait fureur Ă  l’époque. Sur les cinq titres qui composent le disque, le groupe n’a de cesse de varier ses effets : plages athmosphĂ©riques, voix samplĂ©es, passages presque jazzy qui font astucieusement contrepoint aux coups de boutoirs noise qui suivent (Bulging eyes, mon morceau prĂ©fĂ©rĂ©). L’absence de guitare est une excellente chose, forçant a faire feu de tout bois et assechant un peu le son du groupe. De toute façon, la simplicitĂ© est toujours une qualitĂ©, que le dernier long morceau, Greed, exploite Ă  plein avec son riff simplissime laissant toute marge de manƓuvre aux mĂ©lodies Ă©raillĂ©es et planantes du chanteur.

Ce groupe a clairement son univers et est peut-ĂȘtre Ă  son meilleur quand il s’éloigne davantage de ses rĂ©fĂ©rences. Cette impression est confirmĂ©e par les extraits de concerts qu’on peut visionner ici ou lĂ  et qui donnent bien envie de dĂ©couvrir ce que Oyster’s reluctance peut donner sur scĂšne, au naturel.

>>>>>>>>>> OYSTER’S RELUCTANCE

 

 

« Sonic Youth, mobylettes et album jazz de l’annĂ©e » : une interview avec NURSE

AprĂšs la sortie de son premier album, Ă  la fois attachant et impressionnant, sans parler de leurs prestations scĂ©niques enflammĂ©es, une interview avec Nurse s’imposait. On a pris rendez-vous Ă  leur local de rĂ©pĂ©tition au Poulpe, enclenchĂ© le bouton On de la camĂ©ra et laissĂ© filĂ© l’enregistrement. Ben (chant), Ram (basse), Manu (guitare) et Simon (batterie) se sont prĂȘtĂ©s avec bonne humeur au jeu de ce qui Ă©tait au final plus une conversation en roue libre entre copains, un peu réécrite et recomposĂ©e pour que le rĂ©sultat soit lisible et intĂ©ressant.

PremiĂšre question un peu dĂ©bile : votre album est sorti il y a un mois, est-ce que vous ĂȘtes contents ?

Nurse : On est contents! C’était trĂšs trĂšs long, deux ans, quasiment.

Manu : Trois ans pour composer, deux ans à enregistrer !

Pourquoi est-ce que c’était aussi long ?

Ben : J’ai mis Ă©normĂ©ment de temps Ă  trouver mes lignes de chant. Il fallait que je digĂšre le style qu’on avait mis en place tous les quatre. J’avais jamais Ă©crit de chant mĂ©lodique, j’ai fait que du hardcore avant ! Et puis, il m’a fallu un an pour me trouver une technique d’enregistrement. Le studio, ça me gave. J’ai enregistrĂ© tout seul avec des enceintes. Je passe l’enregistrement. A fond – tu rentrais dans la piĂšce, ça faisait mal. Micro Ă  la main, j’ai tout enregistrĂ© comme ça. C’est en prenant le temps que j’ai fini par trouver ça. Je pouvais faire ce que je voulais. J’étais pas content, je recommençais. Maintenant que je sais comment j’enregistre, je pense que ça ira plus vite Ă  l’avenir.

A Ugine, juin 2016

Est-ce que vous pourriez me refaire l’historique de Nurse ?

Ben : Les deux garçons lĂ  (Manu et Ram) jouaient dans un groupe qui s’appelait Shivaz et moi, j’avais un groupe de fusion, Full dawa. On a commencĂ© Ă  se connaĂźtre sans jouer ensemble. Shivaz ont eu un mini succĂ©s local et ensuite j’ai montĂ© un groupe de metal-hardcore qui s’appelait NFO. Eux, ils avaient un peu envie d’arrĂȘter Shivaz. Et moi, ça me disait bien de faire autre chose que du mĂ©tal. On a montĂ© ce projet – Borefat cohesion – on a fait un petit disque auto-produit. Quelques concerts. Les gens aimaient bien. Et puis, on a voulu enregistrer un nouveau truc. Sauf que le batteur est pas venu. Du coup, ça s’est arrĂȘtĂ©.

Manu : Et le jour mĂȘme, j’ai appelĂ© Simon.

Donc ça, c’est l’ancĂȘtre de Nurse…

Ben : Y’a encore un truc entre les deux. On a composĂ© avec Simon, sur les cendres de Borefat. En faisant un peu le mĂȘme style mais en changeant un petit peu. Ca s’appelait Latte machiatto (Fou rire gĂ©nĂ©ral). On a fait un concert au Poulpe qui s’est avĂ©rĂ© ĂȘtre une catastrophe. En plus, les gens qui aimaient bien Borefat nous attendaient, ils sont tous venus nous voir et on s’est vraiment vautrĂ©. On s’est pas revu pendant trois mois. Pas d’appel, pas de rĂ©pĂšte, rien. Silence radio. Puis, on s’est revu, on s’est remis Ă  composer mais en voulant faire autre chose. En partant de l’album « Sonic nurse » de Sonic youth.

Rami : On a jammĂ©, on a fait un morceau. C’était cool. Calme, aĂ©rĂ© par rapport Ă  ce qu’on faisait avant. C’est le deuxiĂšme du disque. Tout est parti de lĂ . C’est tout pompĂ© sur Sonic Youth, Nurse !

La Spirale, Annecy, septembre 2017

Qu’est-ce qu’il reprĂ©sente pour vous, cet album de Sonic youth ?

Ram : C’est pas celui que les gens prĂ©fĂšrent. Il y a ce morceau, le cinquiĂšme,, Stones.

Ben : C’est hyper beau.

Ram : Ce morceau, il est incroyable.

Est-ce que vous pouvez me dire un mot sur la pochette de l’album ?

Ben : C’est le grand-pùre de Manu, dans le nord de la France.

Simon : On avait une idĂ©e super et c’est tombĂ© Ă  l’eau…

Ben : On voulait faire un portrait d’un pote, qui a une tĂȘte – une gueule, quoi. Il nous avait dit oui et puis plus de nouvelles et puis il a dit je suis pas photogĂ©nique, ça sert Ă  rien.

Simon : En fait, cette photo, plus tu regardes et plus tu vois qu’il y a tout. Le Ricard, la grosse clope, des bouteilles de gaz, tu sais pas trop, les briques, un chien et puis surtout, il y a le grillage qui prend toute la place. Et ça, c’est gĂ©nial !

Manu : C’est marrant qu’il ait dit oui… Je suis pas lĂ  pour longtemps, va-z-y ! Il a le mĂȘme Ăąge que moi…

Ram : Il y a cinquante ans…

Ben : On voulait pas un truc en rapport. On voulait pas qu’il y ait le nom. On est content que ce soit une photo qui nous appartienne.

Tu peux toujours voir des rapports


Manu : Ouais, lĂ , mon grand-pĂšre, il montait son affaire, c’était une pĂ©riode merdique. Il Ă©tait en usine avant. Tu vois ce que ça pouvait ĂȘtre
 Il vivait dans une baraque ouvriĂšre Ă  cĂŽtĂ© de l’usine. Bossait six jours par semaine. Voisins avec ses collĂšgues. Il monte son truc. C’est un peu un Ă©chappatoire, quoi. Tu retournes le disque, tu vois l’autre image. Tu te dis : putain, il avait envie de se barrer !

Une question un peu Michel Drucker : on évoque souvent les années 90 quand on parle de votre musique, pouvez-vous nous raconter vos années 90 ?

Ram : On est plus de la fin des annĂ©es 90. Le lycĂ©e, Nirvana, Noir dĂ©sir…

Ben : En 4e, j’avais 15 ans. Je rĂ©pĂ©tais avec un pote qu’avait une mobylette pourrie et j’avais la batterie dans le sac ! J’étais le batteur et je jouais sur une batterie Mickey !

Ram : C’était le moment oĂč, mĂȘme dans le rock, on commençait Ă  affirmer notre truc. Moi c’était l’alterno français, Les ShĂ©riffs


Simon : Les tout premiers CD, Nofx…

Ben : Et la dĂ©couverte des premiers groupes un peu durs. Le premier disque que j’ai eu, c’était War de U2. J’écoutais beaucoup, jusqu’en 5e. AprĂšs, mon frangin a dĂ» acheter Tostaky. J’ai Ă©coutĂ©. Je me suis dit, putain, c’est quoi ce truc-là ? Cette intensitĂ©, cette Ă©nergie
 MĂȘme maintenant, tu me mets Tostaky et tu me mets n’importe quel Metallica, je trouve que Noir dĂ©sir, c’est plus dur. Mais Ă  l’époque, avec le son heavy metal, la batterie, la grosse prod, quand t’as 15 ans, ben… je suis allĂ© bien dans le metal. Assez loin. Pour revenir, tranquillement. Je suis revenu Ă  Nirvana bien plus tard. J’aimais bien Nirvana mais j’étais pas hyper fan.

Simon : Et puis, c’était les premiers concerts, les Plateaux rock Ă  Annemasse oĂč toute la scĂšne alterno passait. Les Thugs, No one is innocent, Les ShĂ©riffs, Silmarils
 Tu voyais le batteur torse nu et tu te disais Waouh ! C’est ça que j’ai envie de faire !

Vous ĂȘtes dans le scĂšne locale depuis un paquet d’annĂ©es, comment est-ce que vous l’avez vue Ă©voluer ? Comment est-ce que vous la jugez maintenant ?

Ram : Ca bouge moins.

Simon : Tout ce qui est SMAC – genre Chateau-rouge – au dĂ©but, on trouvait ça plutĂŽt cool. Et maintenant j’ai l’impression que ça a tuĂ© tous les petits lieux. Les bars. J’ai l’impression qu’avant c’était plus simple de jouer pour un groupe qui commençait.

Ram : Au début des années 2000, il y a eu une pétée de petits festivals. Il y en avait partout !

Ben : Dans les villages, ils ne faisaient plus de bals, ils faisaient des festivals ! Tous les petits groupes – comme mon premier groupe, on Ă©tait vraiment nuls – tous jouaient ! Ca, ça a disparu. Avec NFO, on jouait avec des groupes de reggae, de chanson, avec les Shivaz. C’était tout mĂ©langé ! C’était cool !

Simon : Je pense que c’est la professionnalisation de la musique qui a tout tuĂ©. Les groupes prennent plus cher parce que c’est devenu leur job. Tous les prestataires prennent plus cher.

Manu : Les Rockailles, au dĂ©but, ça marchait bien, on s’est tirait Ă  peu prĂšs (Manu a fait partie des premiers collectifs d’organisations du festival des Rockailles, NDLR). On faisait passer des groupes qui prenaient peut-ĂȘtre 2000 balles et, en deux ans, c’est montĂ© Ă  15000 boules
 En fait, pour que ça marche, fallait faire en sorte que ça te coĂ»te rien ou pas grand-chose. Nous, on voulait faire ça pour faire passer des groupes qui nous faisaient envie et puis, rapidement, on a Ă©tĂ© pris Ă  la gorge parce qu’il fallait nĂ©gocier. C’était pas notre boulot !

Ben : Business, quoi. Il y a un gros creux. Comme un peu partout, je pense…

Les Tilleuls, Annecy, septembre 2017

Ben, t’as aidĂ© Ă  organiser des concerts dans des lieux alternatifs comme la Machine utile. Comment vous vous placez par rapport aux lieux plus institutionnels ? Est-ce que vous faĂźtes une diffĂ©rence ?

Ben : Ah ouais, moi je fais une Ă©norme diffĂ©rence. Je ne leur parle pas de la mĂȘme maniĂšre. AprĂšs, le truc, c’est que j’y travaille, dans les lieux institutionnels (Ben est Ă©clairagiste, NDLR). J’aime bien, comme pour tout, avoir un pied dans plein de trucs. Ca me fait marrer. J’aime bien faire la lumiĂšre dans des gros machins et j’aime bien les squatts oĂč il y a pas de lumiĂšre. En vrai, je prend plus de plaisir dans un squatt oĂč il y a pas de lumiĂšre ! Musicalement, par rapport Ă  ce qui se passe. AprĂšs mon mĂ©tier, ça reste la lumiĂšre. J’ai une vraie passion pour ça.

A ton avis, quelle devrait ĂȘtre la relation entre les deux ?

Ben : Il n’ y a aucun problĂšme. Pourquoi les grosses salles pourraient pas programmer un groupe de noise ? Je considĂšre que c’est leur rĂŽle. C’est ce qu’ils font, plus ou moins. Le problĂšme, c’est la fermeture des grandes scĂšnes Ă  la scĂšne indĂ© et Ă  la scĂšne locale. Ils ouvrent leur petite salle volontiers, mais ils l’ouvrent parce que c’est dans leur cahier des charges, pas par plaisir. Enfin, c’est pas vrai, ça dĂ©pend des programmateurs. Le problĂšme, c’est le dialogue, on parle pas la mĂȘme langue.

Ram : Mais bon, nous, en tant que groupe, on a aucun combat contre l’institutionnel


Ben : Ouais, mais Simon il est en colĂšre. Et moi aussi, mais en mĂȘme temps j’y suis alors je comprends plein de choses. Mais il a aussi des choses que je ne comprends pas. Je pense depuis trĂšs longtemps que les gens qui sont Ă  ces postes, ils devraient changer tous les cinq ans. Le mot est peut-ĂȘtre fort mais ils sont blasĂ©s. Un peu. Et puis sur les grandes scĂšnes, ils se battent avec les prods. Exactement comme ce que Manu t’as racontĂ© tout Ă  l’heure. Le problĂšme c’est que quand t’as des mecs qu’ont pas de culture alternative, ils s’en remettent au tourneur qu’il connaissent et on a toujours les mĂȘmes groupes.

Simon : Et on en vient au truc de la professionnalisation de la zique
 Et puis, ils prennent le problĂšme dans le mauvais sens. Le public, en fait, il faut l’habituer. Genre le Poulpe, maintenant ils ont leur belle salle. C’est rarement vide, quand mĂȘme. Ils ont rĂ©ussi Ă  fidĂ©liser des gens qui vont voir les concerts, mĂȘme si ils ne connaissent pas le groupe… Et les grosses salles, c’est : le tourneur nous a vendu un truc, c’est bien, on va remplir notre salle. On est content ! On se pose mĂȘme pas la question de faire jouer un groupe en premiĂšre partie. Je sais pas
 Pour moi, c’est juste pas logique
 Pour ces gens, ça paraĂźt un truc impossible de faire jouer un groupe local avant deux autres groupes, alors que les assos elles font jouer quatre groupes dans la soirĂ©e et c’est cool. Ca se passe hyper bien.

Ram : Mais parce que les salles c’est les cantonniers de la musique ! Ils sont dans leur petit rythme tranquille, faut pas trop changer ! C’est des cantonniers de commune, j’ai rien contre mais faut dire les choses


Ben : C’est dur parce qu’on arrive pas Ă  foutre nos groupes lĂ -haut…

Simon : L’argent des subventions, il vient de qui ? Il vient de nous, il vient des impĂŽts. Alors tu en fais profiter tout le monde. Je demande pas d’ĂȘtre payĂ© 1000 balles Ă  chaque fois que je vais jouer mais un minimum de considĂ©ration. Tu files 100 balles au groupe. Les groupes de lycĂ©ens, tu leur files Ă  bouffer. Tu leur files un jeu de cordes ! Tu vas voir un magasin de musique, tu mets leur logo au bas de l’affiche. Les solutions, elles existent. C’est juste que les gens en ont rien Ă  branler !

Il y a des fois, on connaĂźt des groupes Ă©trangers qui dĂ©chirent qui tournent en France et qui trouvent Ă  peine quelques dates, on se dit bon sang c’est dommage de pas pouvoir avoir accĂ©s Ă  ces salles


Simon : Les mecs à la programmation, ils lisent les Inrocks et puis c’est fini.

Ben : Et puis les coups de pression du style : OK, je te fais celui-lĂ  un peu moins cher mais par contre tu me prends celui-lĂ . C’est du business. Quand t’essayes de discuter, tu parles pas le mĂȘme langage. Nous, en toute sincĂ©ritĂ©, avec le recul, on a pas tous les tenants et aboutissants de ces gens-lĂ . C’est sĂ»r. Et eux, ils ont une vision qui est fermĂ©e.

Simon : Au dĂ©but, il y avait une Ă©mulation mais maintenant, ils programment la scĂšne locale et il y a personne. Pourquoi ? Parce que les gens peuvent nous voir ici au Poulpe ou au Moderne avant et c’est vachement plus sympa !

Ben : Moi, y’a un truc qui m’a Ă©nervĂ©. Au cafĂ© Ă  ChĂąteau-rouge dans leurs soirĂ©es intermĂšdes – parce qu’il faut qu’il y ait un nom Ă  ces soirĂ©es, comme si les gens en avait quelque chose Ă  foutre – ils programment un gars qui fait des reprises. Des reprises Ă  Chateau-rouge ! Le mec – que j’apprĂ©cie, hein – il joue que dans des cafĂ©s oĂč les mecs veulent se faire du fric, OK. Mais Ă  Chateau-rouge ? Dans un lieu subventionné ?

Simon : Il y a mille groupes qui veulent jouer, putain


La batterie de la camĂ©ra qui enregistre l’interview s’arrĂȘte Ă  ce moment-lĂ . On n’y fait plus attention. Le flot de la conversation nous mĂšne jusque tard dans la nuit. Ben raconte son expĂ©rience comme hurleur dans un groupe de jazz d’avant-garde local, qui sera finalement Ă©lu album jazz de l’annĂ©e. On Ă©voque les projets du groupe, les concerts passĂ©s et Ă  venir, un projet de label. A suivre…

Toutes les photos de Nurse sont tirĂ©es de l’excellent blog photo Lowlightconditions. Merci Ă  lui !

>>>>>>>>>> NURSE

« emo pop-punk social club » (Sport – Tilleuls, 29 juin)

Vendredi dernier au Tilleuls. Avec un seul groupe, Sport. Ils ont vraiment une thĂ©matique autour du sport. Sur leurs premiers disques, tous leurs morceaux avaient comme titre des Ă©vĂ©nements sportifs ou des cĂ©lĂ©britĂ©s du sport. Mais ils ont l’air de s’ĂȘtre lassĂ©s.

Emo pop-punk foutraque et adorable, dans une chaleur à crever. Des échos de Braid, Get-up kids, le label Jade tree.

Public toujours trois fois trop nombreux pour le lieu. Dégueulant largement sur le trottoir. Pas littéralement, hein.

Pas cette fois.

>>>>>>>>>> SPORT

« Football : 0 / Hardcore punk survoltĂ© : 10 000 » (Tuco, Joliette – La makhno, 27 juin)

Peu de monde ce soir-lĂ  Ă  l’Ă©tage de l’Usine. A vrai dire, il y a Ă  peine plus que notre groupe de copains lorsque Tuco plaque ses premiers accords.

Plaisir de retrouver leur noisecore massif et tourmentĂ©. Ces longs morceaux pleins de bifurcations soudaines, de rĂ©pits trompeurs, oĂč suinte la tension malsaine.

FidĂšles Ă  eux-mĂȘmes, leur performance est un rouleau-compresseur. On reconnaĂźt quelques vieux titres de leur premier EP, comme le phĂ©nomĂ©nal Numb et son accĂ©lĂ©ration qui te colle au mur du fond. Le premier album des Suisses devrait sortir ces jours-ci, en format numĂ©rique, en attendant un disque Ă  l’automne.

Les mexicains de Joliette, eux, étaient une découverte pour pas mal de monde. En vérité, il y a pas vraiment besoin de beaucoup plus que deux minutes pour comprendre que ce groupe a quelque chose de trÚs spécial.

   Putain de rĂ©acteur nuclĂ©aire oĂč se fracassent sans discontinuer des atomes de hardcore hurlĂ©, de noise surpuissante. Bouts de mĂ©lodies qui traĂźnent en lambeaux dans le chaos et te prennent Ă  la gorge. Breaks constamment sur le fil de la lame.

Le pire c’est que les jeunes Mexicains sont trĂšs cools sur scĂšne, avenants et sympathiques. DerriĂšre les fĂ»ts, le batteur prend le temps de remonter ses lunettes sur son nez d’un air flegmatique entre deux rythmiques hallucinantes de puissance et de groove. Machine !

Le public s’est massĂ© devant la petite scĂšne. ScotchĂ©. Chaque nouvel assaut sonore est accueilli avec ferveur. On en loupe plus une seconde.

C’Ă©tait fou, ce concert ultime Ă  prix libre devant une poignĂ©e de guignols. Au moment oĂč tous les yeux, les oreilles et les porte-monnaies sont tournĂ©s vers la folie estivale du Hellfest et son hardcore Ă  grand spectacle.

Nous, on a pas vu le match et on ira pas au Hellfest. Mais, ce soir-lĂ  – mĂȘme si c’est Ă©videmment con de le formuler comme ça – on nous empĂȘchera pas de penser qu’on a vu le meilleur groupe de hardcore du monde, hĂ© !

>>>>>>>>>> TUCO

>>>>>>>>>> JOLIETTE

« L’oeil du cyclone » (MoE – Cave 12, 20 juin)

couv.JPG

« Imagine un mĂ©lange entre Napalm death et Shellac. » C’est la comparaison rapide que j’avais trouvĂ©e pour dĂ©crire MoE Ă  un copain qui ne connaissait pas. « Pas facile. », il avait rĂ©pondu. Et pas tout a fait exact non plus, mais ça donne une idĂ©e de pourquoi ça valait largement le coup de faire le trajet jusqu’Ă  GenĂšve et Cave 12 ce mercredi-lĂ .

Quasiment dĂ©serte et trĂšs tranquille lorsqu’on arrive. En fait, je crois que Cave 12 ne se remplit qu’Ă  la nuit. Les NorvĂ©giens – qu’on veut rencontrer pour une interview –  sont dĂ©jĂ  lĂ . Mais, fatiguĂ©s par un trajet depuis Oslo beaucoup plus long que prĂ©vu et parsemĂ© d’incidents de sĂ©curitĂ© inquiĂ©tants, on ne les croisera pas trop avant le concert.

MoE 4.JPG

Il dĂ©bute devant une audience assez restreinte. On est mercredi et il fait trĂšs beau et puis c’est la coupe du monde, hein. Pas grave, le trio est lĂ  pour nous en mettre plein les oreilles et les mirettes et arborent des Ă©lĂ©ments de costume Ă  paillettes. Batteur imperturbable sous sa cagoule fourrĂ©e qui lui donne des airs de teletubby gothique, qui casse sa caisse claire dĂšs les premiĂšres secondes mais continue sur les toms comme si de rien n’Ă©tait. Rien n’arrĂȘte la machine MoE quand elle est lancĂ©e.

MoE 3.JPG

Relents de doom/stoner lourdingues. Pics de tension punk hardcore. Crise noise aigĂŒe, soubresauts schizo, tension qui s’affole. MoE brouille les pistes, orchestre un chaudron brĂ»lant oĂč se fond tout ce qui est sauvage, tout ce qui se tend, Ă©ructe, se dĂ©chaine.

MoE 2.JPG

Cette tension de malade, ces Ă©clats de folie en rafales  sont servis par la technique irrĂ©prochable des trois musiciens confirmĂ©s, qui sont tous actifs dans des projets trĂšs diffĂ©rents, jazz, improvisĂ© ou autre. Faut Ă©couter sur disque pour comprendre – quoiqu’au final l’expĂ©rience en live soit assez diffĂ©rente, trĂšs organique.

MoE 1.JPG

Pas de pit formaté ici. Pas de violence ritualisée. Sans forcer, sans rien imposer, le groupe communique juste une folie qui infuse progressivement dans le public présent et le concert se termine dans des danses sauvages et des cris enthousiastes.

La soirĂ©e se terminera pas des rencontres et discussions bien agrĂ©ables, au son de la sĂ©lection « pre-summertime » des DJs locaux. Black flag, c’est en effet totalement pre-summertime. Cave 12 ne ment jamais.

>>>>>>>>>> MOE

 

 

« SurrĂ©aliste pop » (Erwtensoep – L’Angle, 15 mai)

Presque un mois de passĂ© depuis ce concert d’Erwtensoep Ă  l’Angle – l’expace exposition de la MJC de la Roche-sur-Foron – qui clĂŽturait l’exposition de Sabien Witteman.

Qu’on retrouve au clavier, au chant, Ă  l’accordĂ©on et Ă  la percussion dans ce duo qu’elle forme avec son mari. Madame en one-woman orchestre et monsieur en guitare demi-caisse et costume dorĂ©.

Pop excentrique. Parfois des airs de Rita Mitsouko no-wave, de cabaret gothique synthĂ©tique. Bref, un peu le pendant sonore des peintures de l’ancienne batteuse de The Ex, – maintenant installĂ©e en Bourgogne – qui faisaient le dĂ©cor de ce chouette petit concert arty.

>>>>>>>>>>>> ERWTENSOEP

« Douce violence » (Amanda Blake GL – La Bobine, 19 mai)

COUV.jpg

RĂ©dactrice invitĂ©e en direct de Cuvette city : Anne von KlĂŒz

C’est dans une salle comble et un public chaleureux que le trio « Amandadesque » nous a rĂ©galĂ© pour cet apĂ©ro concert. Plus d’une heure de live pour inaugurer leur album auto-produit, « Sans titre », comme un de leur bien-nommĂ© morceau.

Amanda 4.jpg
Amanda Blake GL, c’est qui ? Deux nanas et un gars, entre Allevard et Grenoble. GĂ©raldine au chant, guitare, basse et synthĂ©, Émilie qui alterne la guitare et la basse, elle donne aussi de sa voix et Fred aka Gsejd Landscape Ă  la batterie Ă©lectro-acoustique.

Amanda Blake GL, c’est quoi ? Du post-punk ? Du rock français ? De la pop noisy ? TantĂŽt synth’ pop ? Ça fait beaucoup d’Ă©tiquettes tout ça… Amanda Blake GL a plusieurs facettes, les ambiances varient avec les changements d’instruments. Des mĂ©lodies et des mots restent dans la tĂȘte. Les textes sont finement ciselĂ©s « Ă  la hache » avec des paroles en français s’il-vous-plaĂźt. Des textes Ă  la poĂ©sie Ă©corchĂ©e d’une suave mĂ©lancolie. Des mots, des mĂ©lodies resteront. Des Ă©motions.

Amanda 2.jpg
De l’Ă©nergie aussi, sur « Cobalt » oĂč elles convoquent le mercure, l’Ă©tain, du cobalt, du cuivre, de l’or et « mĂȘme de l’arsenic ». Le premier morceau de l’album, tout en montĂ©e, jaillissement et fracas. De la matiĂšre, de la musique et des mots.

Des paroles magnĂ©tiques et une hargne plus ou moins contenue sur « Sans titre » et sa super idĂ©e de composition. Jeux de mots Ă  la poĂ©sie « sans faille ». Le genre de morceau oĂč tes poils se dressent « sans dĂ©tour », « sans cesse, sans cesse ».

Amanda c’est comme une montĂ©e de lave, sur « Ville-sentiment » rĂ©fĂ©rence Ă  Clermont-Ferrand, hymne Ă  la terre d’origine de GĂ©raldine. Une musique « taillĂ©e dans la pierre noire ». Il y avait apparemment pas mal d’Auvergnat(e)s ce soir-lĂ  si l’on se fie aux gesticulations du public. Les enfants ont aussi bien gigotĂ© devant avec leurs casques anti-bruit.

Amanda 3.jpg
Une musique avec des contrastes. Il y a des titres plus doux, des ballades avec « les hirondelles », « K.O » et son charme synth pop, le trippy «beautĂ© des voyageurs » ou encore le blues de « derniĂšre saison » qui clĂŽt l’album.

Chez Amanda Blake GL, il y a des mĂ©lodies et des riffs, il y a des solos et des ruptures, des envolĂ©es et des Ă©clats, il y a du velours et de l’acier. Il y a une violence douce.
Une musique « avec de l’ombre, de la lumiĂšre ». Une musique a Ă©couter « sans conteste ».
Amanda Blake GL, quand t’Ă©coutes leur album c’est comme la cancoillotte (ou l’aligot ?!), tu commences, tu t’arrĂȘtes plus !

>>>>>>>>>> AMANDA BLAKE GL

A night with The Ex : an interview with Arnold de Boer (The Ex)

 

 

Oh, damn ! Pretty stoked to present our first collaboration with David « Almighty » Livegeneva TV : a lenthy interview of The ex’s singer Arnold de Boer, mixed with live footage. It’s not perfect but it’s cool. Enjoy !

Oh, bon sang ! Bien contents de prĂ©senter notre premiĂšre collaboration avec David « Tout-puissant » LivegenevaTV : une longue interview du chanteur de The ex, Arnold de Boer, mixĂ©e avec des extraits de concert. C’est pas parfait mais c’est cool. Enjoy !

>>>>>>>>>>> THE EX

>>>>>>>>>> LIVEGENEVATV

Piniol, « Bran Coucou » LP

bran coucou.jpg

Piniol, c’est un groupe qui n’a peur de rien. C’est la contraction de Ni et de Poil – groupes dont on retrouve ici les membres – mais ça pourrait aussi bien ĂȘtre celle de pignouf et guignol. Piniol, c’est un peu comme si le math-rock avait dĂ©cidĂ© de dĂ©fier les monuments de la musique amplifiĂ©e, ses sommets les plus ambitieux, les plus boursouflĂ©s. Rock progressif, jazz-rock, mĂ©tal, opĂ©ra-rock peut-ĂȘtre bien, et j’en passe. Commandante Zappa nous voilĂ . De ces musiques, Piniol a une Ă©norme envie et ne fait qu’une bouchĂ©e. BouchĂ©e double en fait puisqu’il s’agit d’un groupe dĂ©doublĂ© – deux guitares, deux basses, deux batteries, seul le clavier n’a pas son double – Piniol croque tout, concasse, digĂšre et rĂ©gurgite tout en sept grandes salves surpuissantes et baroques oĂč on en verra vraiment de toutes les couleurs. Il faut ĂȘtre d’humeur fantasque mais c’est assurĂ©ment un disque de malade.

Piniol, « Bran coucou » (Dur et doux, 2018)

>>>>>>>> PINIOL

>>>>>>>>>> DUR ET DOUX

« La branche dĂ©viante de la famille » (Pilier, YC-CY – la Makhno, 10 mai)

yccy couv.JPG

A proprement parler, on peut pas vraiment dire qu’il y ait d’organisation consacrĂ©e au noise-rock dans la rĂ©gion Annecy/GenĂšve. Ca reste un peu le vilain petit canard, la branche dĂ©viante de la famille. Le cousin pas sortable. La cousine transgenre. Mais, au final, il n’y a pas trop Ă  se plaindre car, dans la programmation des uns ou des autres, il y a rĂ©guliĂšrement des noms inespĂ©rĂ©s, des coups de folie.

pilier 1.JPG

La soirĂ©e commençait avec le hardcore-punk des locaux de Pilier. Eruction continue de rythmiques rapides et de riffs rentre-dedans, sans temps mort, dans un esprit trĂšs proche des Annemassiens de Wrensh. Hardcore droit au but, sans le mĂ©tal en quelque sorte. Bon sang, heureusement qu’il y a encore des groupes comme ça.

pilier 2.JPG

On sent le groupe habituĂ©s du lieu. Et le public, qui assure l’ambiance joviale. Ils se laisseront mĂȘme convaincre par un rappel.

yccy 5.JPG

Les Suisses allemands de YC-CY  ont peu jouĂ© par ici. Ils viennent de sortir leur 2e album sur le label allemand X-Mist et faisaient une courte tournĂ©e de trois dates dans l’est de la France.

yccy1

Leur musique semble provenir d’un lieu non-cartographiĂ©. AtmosphĂ©rique et bruitiste, violente et Ă©motionnelle, dansante et expĂ©rimentale. A Ă©quidistance du post-punk, du hardcore, de la noise. A l’image du gĂ©nialissime Kepler-186f, qu’il joueront en deuxiĂšme et qu’il faut absolument Ă©couter. Ce morceau mĂ©rite Ă  lui seul le nom de Todestanz – Danse de la mort -, le titre de leur album.

yccy 2.JPG

Pulsation puissante de la batterie, rĂ©duite Ă  sa plus simple expression, qui capte les regards. Bassiste en retrait, les yeux clos – des images de Joe Lally de Fugazi reviennent en flash. SonoritĂ©s incongrues que le guitariste tire de son instrument. Des airs de synthĂ© vĂ©rolĂ©. Chanteur coincĂ© aux abords du public, pliĂ© sur son micro.

yccy 4.JPG

La charge fĂ»t relativement brĂšve mais intense. Comme leurs copains allemands de YASS, YC-CY dessine un noise-rock du futur – ou du prĂ©sent, tout simplement – qui donne grandement envie de continuer Ă  suivre ce que donne ce groupe.

 

>>>>>>>>>> PILIER

>>>>>>>>>> YC-CY