
La petite cour devant l’Ecurie est presque noire de monde lorsqu’on arrive. Drone to the bone fête ses 9 ans et, malgré quelques concerts moins suivis, sa programmation radicale et avant-gardiste est incontournable pour les amateurs de bruit et de fureur. Puis faut dire que Coilguns est précédé d’une sacré réputation sur scène, hé hé. A peine le temps de passer au bar, que Bruno annonce le début des hostilités avec Tuscoma. C’est parti !

Loins d’être des inconnus, ce duo néo-zélandais officiait auparavant sous le nom de Hollywoodfun downstairs – passés à Genève il n’y a pas si longtemps d’ailleurs (déjà en formule à deux). Le groupe a opéré une mue progressive : originellement trio, ils pratiquaient un punk noise qui se prenait parfois des coup de speed ultra-rapides et hurlés qui faisaient leur particularité. Des surfeurs de satan en quelque sorte, mais qui ne crachaient pas sur les mélodies. Sous le nom Tuscoma, le speed prend le devant de la scène et le surf reste au placard.

Mur du son quasi ininterrompu. Blast-beats impitoyables et voix hurlée en arrière-plan comme sous le choc d’une électrocution continue, dont l’effet est encore accentué par l’éclairage aux néons blancs éblouissants. Je sais pas si le public attentif et statique est comme moi, légèrement surpris et dubitatif devant la décharge sonore des néo-zélandais fortement déconseillée aux épileptiques. Pas inintéressant, loin de là, mais on respire un peu quand le groupe retrouve du groove avec le dernier morceau et sa rythmique presque garage.

Les quatre lascars de Coilguns font une entrée bien classe en trinquant sur scène (whisky ?), instruments déjà en place. Ca sent le savoir-vivre et la camaraderie. Et l’envie d’en découdre aussi. Dés les premiers accords, Louis Jucker, le chanteur, se jette sur les premiers rangs, dans un espèce de saut de l’ange mi-ruée de mélée, mi-pulsion suicidaire. Le groupe place son concert sous le signe de la tension maximum, de la folie, de la confrontation avec le public et de l’envie de vivre un moment taré avec lui.

Et c’est exactement ce qu’ils firent. Coilguns soumet le public à un feu nourri et interrompu de leurs brulôts hardcore-noise-metal qui ne se soucie pas trop des genres et de la bienséance, tant que ça défouraille. Et parfois avec tout à coup un groove électrocuté génial à tomber. Coilguns sait même faire le rock.

L’intensité émotionnelle et l’engagement physique ont quelque chose qui rappelle certains groupes hardcore des années 90. Born against ou Heroin, au hasard. Même si c’est pas exactement la même chose évidemment. De même les danses folles et le discours personnel et inconventionnel du chanteur entre les morceaux, très loin des poses habituelles dans ce genre de musique. En sortant de ce concert éreintant, tu ne sais plus grand chose mais tu sais au moins que tu as vu de la musique vivante.

>>>>>>>>>> TUSCOMA
>>>>>>>>>> COILGUNS
>>>>>>>>>> DRONE TO THE BONE

Hollywoodfun downstairs, c’est un duo néo-zélandais et si il y a des fanatiques, c’est bien eux. Des tournées comme des forcenés – c’est quand même leur deuxième passage à Genève dans l’année et ils ont d’ailleurs perdu un bassiste dans le bataille -, une musique sans répit et un dernier album sorti chez les polonais d’Antena krzyku (super label). Preuve s’il en fallait que le réseau DIY 2.0 fonctionne.
Faut au moins venir de l’autre côté de la terre pour jouer la musique qu’ils font. Effectivement il y a un côté garage dans la réverb et cette voix nasillarde mais passé à la moulinette de rythmiques effrénées qui lui donne parfois des airs de hardcore hurlé – screamo pour les intimes.
Une sorte d’accouplement contre-nature entre les Buzzcocks et Lightning bolt (ouille !), ou quelque chose comme ça. Une musique qui peut être fun mais aussi assez malsaine et stressante. Entre névrose et psychose, mon coeur balance.
Leur hardcore « moderne » convoque tout ce qui butte, qui latte et qui tabasse. La voix gueulée est au final assez linéaire mais, bon dieu, c’est en-dessous que ça se passe. Une basse de plomb en fusion – jouée au doigts -, des riffs de tueurs à la guitare mais parsemés de déconstructions noise aux petits oignons et surtout, surtout, une batterie démentielle qui sonnait comme c’est pas possible. Un régal pour les yeux et les oreilles.
